(Adventiste Magazine) – Jean Flori, personnage riche en connaissances (historien spécialiste du Moyen-Âge, Docteur d’Etat ès en lettres et sciences humaines, entre autres), riche en compétences (directeur de recherche au CNRS, professeurs à Collonges, entre autres) mais surtout riche en convictions, nous a quittés le mercredi 18 avril 2018, suite à une période de combat contre une grave maladie. Si sa présence physique fera défaut, son héritage spirituel demeure pour les étudiants de Collonges et tous ceux qui ont été en contact avec lui de près ou de loin.
Issu d’une famille à la fois très catholique (par sa grand-mère) mais peu pratiquante selon ses propres dires (ses parents), Jean Flori a été confronté très tôt à différents courants de pensées (athéisme, protestantisme, …). Influencé par la culture chrétienne de son époque, il s’est toujours toutefois beaucoup questionné à propos de la cohérence entre les valeurs bibliques et ce qu’il voyait des grands courants religieux. Partisan de la tolérance et de la paix, il est en plein rejet de toutes formes de violence et des guerres, grandes ou petites, que se font les humains. Il veut essayer de comprendre et se faire en quelque sorte « sa propre religion ».
C’est cette quête de sens et de vérité qui l’animera tout au long de sa vie.
Etudiant, il fait la connaissance d’un nouveau courant religieux par l’intermédiaire d’un de ses collègues : l’adventisme. Celui-ci lui présente deux personnes fondamentales pour sa vie. D’abord un pasteur avec qui Jean Flori commence à étudier la Bible, qu’il a toujours considéré comme « le fondement de la religion chrétienne sous toutes ses formes ». Il lit également des ouvrages d’Ellen White, notamment « Jésus-Christ » qui le marque intensément. Puis par l’intermédiaire du même collègue il rencontrera une jeune fille adventiste, Anne-Marie, celle qui devient son épouse quelques temps plus tard. Ensemble, ils ont eu deux enfants : Laurent et Pascale.
Ces deux rencontres et son éternel désir de compréhension de la Bible le poussent à aller au campus de Colllonges-sous-Salève, et ce malgré quelques-uns de ses questionnements au sujet de l’adventisme.
Il intègre le cours de théologie tout en étant professeur de mathématique à l’école secondaire de Collonges. De formation scientifique, ces cours du séminaire sont d’une grande nouveauté pour lui. Ceux-ci lui permettent de pratiquer le goût de la lecture et de l’écriture, et surtout, épanchent un peu sa soif de connaissance et de vérité. C’est avec cet esprit, qu’il devient professeur de la Faculté de Théologie. Un professeur qui ne se plie pas à la tradition juste par tradition mais qui cherche à contrer les défauts du traditionalisme qu’il considère un « danger mortel ». C’est peut-être cette caractéristique qui fait qu’il est très apprécié par l’ensemble de ses élèves, à qui il ne donne pas juste des cours mais avec qui il vit la Parole par la pratique en leur proposant des actions d’entraide sociale, comme le lavage des voitures en plein Genève, action relayée par les radios locales.
Ce qu’il apprend et comprend de la Bible, Jean Flori le couche par écrit. Pourtant parfois très critique sur les positions de l’Eglise Adventiste, plusieurs de ses livres et articles ont été publiés par différents éditeurs mais aussi par la Division Adventiste Intereuropéenne, amenant réflexion et remise en question.
C’est sûrement ce qui sera gardé comme plus grand souvenir de Jean Flori, comme en témoignent les différents hommages qui lui ont été rendus lors de sa cérémonie d’adieux qui a eu lieu le 23 avril 2018 en Bretagne (France), région où il a passé ses dernières années en famille. Tous font référence à un homme sincère et droit, toujours en quête de la vérité pure, sans compromis qui a fait le bonheur de sa famille et notamment ses petits-enfants, David, Yoann, Samuel et Nicolas – et qui marqué la formation théologique de toute une génération des pasteurs et l’église adventiste francophone.
Que cette même quête anime tous nos chers lecteurs et chères lectrices.
- Témoignages
David Jennah
Jean Flori a été un excellent professeur, il m’a appris la rigueur et la méthodologie mais par-dessus tout il m’a inspiré une religion délestée de l’apparence et des artifices pour laisser place à une fois authentique. Il avait une écoute exceptionnelle et valorisait le questionnement de ses étudiants même si certains étaient inadéquats. Avec lui on se sentait un peu intelligent.
John Graz
Un professeur inoubliable ! Ses cours, c’était une merveille […] tant la matière semblait couler logique, documentée et structurée comme une œuvre architecturale. Peu de cours que j’ai suivis dans les différentes universités arrivaient au niveau des siens. Il représentait le sérieux dans la recherche, le sérieux dans le partage de ses connaissances et, comme un maître, nous donnait l’envie de suivre ses pas.
Pour moi, il restera toujours le professeur qui m’enseigne à ne pas tomber dans la facilité, à ne pas lésiner sur le travail et à toujours donner le meilleur de soi au service des autres et de Dieu qui est notre maître à tous.
Ulrich Frikart
Son enseignement fait de rigueur et de profondeur m’a d’emblée fasciné. Sa spiritualité vivante et pratique et ses connaissances profondes, ont élargi mon horizon et j’allais de découverte en découverte. L’admiration pour le professeur et le scientifique de l’histoire du Moyen-Âge était sans limite.
Inoubliables aussi les échanges avec cet homme remarquable en dehors des cours […]. Inestimables. Cher Jean, tu n’imagines pas ce que tu représentes pour moi et la part que tu as pris dans mon cheminement tout au long de mon ministère. Merci professeur et ami pour toujours !
Hommage réalisé sur les propos de la cérémonie funéraire du 23 avril 2018 et de l’article « Interview d’un homme d’exception » de la Revue Adventiste, octobre 2017, n° 1857.
Hommage réalisé selon les propos de la cérémonie d’adieux du 23 avril 2018 et l’article “Interview d’un homme d’exception” de la Revue Adventiste, n° 1857, octobre 2017.