Texte biblique : Matthieu 7. 7-12 (Prédication pour la Journée de la Liberté Religieuse)
Promotion de la liberté religieuse
Il y a quelques années un fonctionnaire d’État, en charge d’un poste gouvernemental, a posé la question à un pasteur adventiste : « Dans différentes parties du monde vous êtes une minorité, à la différence des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des musulmans … Que se passerait-il si vous étiez la majorité ? »
Il est vrai qu’en tant qu’Église, et en toute modestie, il faut avouer que n’avons pas d’équivalent dans le monde religieux sur la promotion de la liberté religieuse. Comme l’avait affirmé publiquement un ancien ambassadeur americain, nous sommes les plus constants dans ce domaine.
Prenons comme exemple les festivals de la liberté religieuse que nous avons réalisé dans différents pays du monde :
45 festivals ont été organisés sur les cinq continents
L’aventure a commencé en 1997 a Rio de Janeiro. Depuis cette date, près de 45 festivals ont été organisés sur les cinq continents. Ils ont rassemblés de 200 à 45 000 participants.
Ils ont remplis des stades en Angola, au Pérou au Brésil, en Colombie, au Mexique, en République Dominicaine, en Indonésie, à Madagascar … Jusqu’à ce jour plus de 250 000 personnes y ont assisté.
C’est un véritable record du monde. Il est vrai que dans ce domaine, comme le disait Pierre Lanarès, il n’ y a pas beaucoup de concurrence.
Nous aimons la liberté religieuse et nous voulons la garder !
L’idée du festival est simple. En voyageant dans le monde, vous vous rendez compte que c’est un privilège de vivre dans un pays comme les notres, en France, en Belgique, en Suisse où nous sommes libres de nous rendre à l’Église et de partager notre foi.
Question : Qu’avons-nous fait pour obtenir cette liberté ? Nous l’avons reçue comme un cadeau. Un cadeau qui a couté des larmes et du sang mais pas les nôtres. Le temps est venu de dire un grand merci publique à Dieu et au pays qui protège cette liberté. Comment ? En organisant, par exemple, un événement qui rassemble, qui attire l’attention des autorités et leur communique un message fort. Voila pour le concept du festival.
Avons nous dit merci à la France, à la Suisse, à la Belgique … pour cette liberté que nous avons reçue ? C’est un cadeau ! Quand on reçoit un cadeau on dit merci à celle ou celui qui nous l’offre. Un merci qui s’accompagne du message suivant : Nous aimons la liberté religieuse et nous voulons la garder !
En fait qu’elle est l’alternative à la liberté religieuse : Intolérance, fanatisme, discrimination, persécution, inquisition. Ou préférons-nous vivre en tant qu’adventistes du septième jour, en tant que minorité religieuse ?
En France ou en Corée du Nord ? En Suisse ou en Arabie Saoudite ? Au Portugal ou au Pakistan ? En Belgique ou en Afghanistan ? En Espagne ou en Iran ?
Si vous avez des doutes ou si vous souffrez parce que vous n’êtes pas persécutés dans votre pays, offrez-vous un voyage en Corée du Nord. À l’aéroport ouvrez votre Bible et commencez à prêcher en interpellant les gens. Vous verrez très rapidement et pendant longtemps la différence.
Que se passerait-il si nous étions majoritaire dans un pays ?
Que se passerait-il si nous étions majoritaire dans un pays ? Très bonne question. Que se passe-t-il lorsque la minorité devient la majorité ? Que se passe-t-il lorsque les « sans pouvoirs » acquièrent le pouvoir ? La majorité respecte-t’elle la liberté des minorités ?
Bien sur vous me répondrez : « C’est une vue de l’esprit. Nous ne deviendrons jamais la majorité dans aucun pays du monde. » C’est possible, mais dans certains pays notre Église n’est plus une minorité marginalisée. Nous avons des relations avec les officiels. Nous avons des membres ministres, président du Sénat, ambassadeurs, et même Chefs d’État.
Lors de notre dernière session de la Conference générale à San Antonio, nous avons lancé l’Association mondiale des adventistes membres de gouvernements (WAPOA). Nous ne serons peut-être jamais majoritaire mais nous pouvons avoir une réelle influence dans certains pays.
Alors, imaginons
Imaginons un pays, notre pays dans lequel 94% de la population se déclare adventistes. Imaginons que ce matin nous aurions ici même assis au quatrième rang, comme ce fut le cas à Kingston en Jamaïque, le Chef de l’État, le président du Sénat, le bras droit du Premier ministre, un nombre de ministres et d’officiels.
Serions-nous encore pour la liberté religieuse pour tous ? Je le crois.
Certains parmi nous pensent peut-être que si nous étions la majorité dans un pays nous établirions une dictature sur le modèle de Genève au temps de Calvin. Je n’en suis pas sur car nous sommes très individualistes. Je crois plutôt que nous aurions une multitude de partis qui s’affronteraient.
On y trouverait sans doute :
- les partis conservateurs, libéraux ;
- les adventistes du milieu de la route ;
- les adventistes purs végétariens ;
- les adventistes végétariens mais qui mangent du poisson ;
- les adventistes vrais de vrais …
- les adventistes du commencement ;
- les adventistes de la fin …
Nous ne manquons pas d’imagination. Le problème serait d’arriver à former un gouvernement majoritaire. Imaginons que dans notre pays a 94% adventistes, débarquent des missionnaires d’autres religions. Par exemple des baptistes, des Pentecôtistes, des Catholiques, des Mormons, des Hindous, des Bouddhistes, des Musulmans … Ils débarquent avec confiance sachant que notre pays est le champion du monde de la liberté religieuse, et ils évangélisent.
Non seulement ils évangélisent, mais ils convertissent nos membres, construisent de nouvelles églises, des temples, des mosquées. Comment réagirions-nous ? Serions-nous toujours pour la liberté religieuse pour tous ?
Imaginons que ces nouveaux convertis organisent des grandes campagnes d’évangélisation. Et que disent-ils ? Ils attaquent nos croyances. Ils prétendent en publique que :
- Le vrai jour du repos est le dimanche ;
- La foi adventiste est une hérésie ;
- Notre Eglise est Babylone ;
- Ellen White un faux prophète ;
- Le président de la GC est l’Anti-Christ moderne.
Alors serions-nous encore pour la liberté religieuse pour tous ? Accepterions-nous de perdre nos privilèges, notre influence, notre statut ?
Ou bien : Voterions-nous des lois restrictives sur les visas, la constructions de nouveaux lieux de culte, la libre expression ? Pire, encouragerions-nous la formation de milices de défense de la vraie religion ?
Pourquoi défendons-nous la liberté religieuse ?
Pourquoi défendons-nous la liberté religieuse ? Est-ce parce que nous sommes une minorité ? La réponse est non.
Il y a d’autres raisons plus évidentes. J’en mentionnerai quelques unes.
1. Un droit de l’homme : Nous défendons la liberté religieuse parce qu’elle est un droit de l’homme. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme l’a défini sans équivoque.
2. Un héritage de notre Église : Nous défendons la liberté religieuse parce qu’elle est une mission prophétique, un don de Dieu. Ellen White l’affirme. Elle écrit que la bannière de la vérité et de la liberté religieuse confiée aux apôtres nous a été transmise dans ces derniers temps.
3. La liberté religieuse est attaquée : Nous défendons la liberté religieuse parce qu’elle est attaquée avec une violence extrême dans certaines régions du monde.
Il est bon de savoir que :
- 76 % de la population mondiale vit dans des pays ou elle n’existe pas
- 200 millions de chrétiens sont marginalisés, torturés …
- 90 000 sont assassinés chaque année.
- Qu’en 2015, 7 000 chrétiens ont été massacrés dans les territoires contrôlés par DAECH.
En 2008 lorsque les fanatiques Hindous ont attaqués les chrétiens dans l’État d’Orissa en Inde, j’ai pensé que nous avions atteint un niveau d’intolérance extrême. Je me souviens du message que j’ai reçu. Je lis :
“Quand la foule se dirigea vers notre église, les chrétiens s’enfuirent dans la forêt. Le pasteur Samuel Naik, 48 ans, se tenait devant l’église pour la protéger. Il fut décapité et son épouse subit de graves sévices, sa mère avait 70 ans aurait été brûlée vive.”
Était-ce une exception dans un monde ou la liberté semblait gagner du terrain ? On aurait voulu le croire.
Malheureusement ces atrocités sont devenues courantes. Par exemple dans les territoires que DAECH contrôlait. Je cite un article publié le 1 janvier 2016 : “Les chrétiens sont tués, massacrés, battus, enlevés et tortures ou rançonnés. Ils sont emmenés en esclavage … convertis de force … victimes de mariages forcés et de traite des êtres humains; les enfants sont également recrutés de force … Les églises chrétiennes et les sites religieux sont vandalisés.” (Europeinfos # 189)
Vous le comprenez, la défense et la promotion de la liberté religieuse vont bien au-delà de la question : “Si nous étions la majorité ?”
L’exemple de Jésus
En tant que chrétien, il est évident que notre motivation doit en priorité s’inspirer de Jésus lui- même. Il est notre maître, notre modèle, notre exemple. Il est Dieu. Il est le chef de la majorité dans l’univers et il a accepté d’être dans la minorité sur terre. Il a été victime de l’intolérance religieuse de son époque. Accusé de blasphème, il a été crucifié.
Mais au ciel dans la majorité comme sur terre dans la minorité, il a respecté la liberté de chacun :
- La liberté de l’accueillir ;
- La liberté de le suivre ;
- La liberté de le quitter.
1. La liberté de l’accueillir
L’évangile de Luc 9.51-56 nous rapporte le refus d’un village de Samaritains d’accueillir Jésus et ses disciples. Pourquoi ? Parce qu’ils allaient à Jérusalem. Autrement dit parce qu’ils étaient Juifs. Jacques et Jean veulent se venger. Ils proposent de prier Dieu d’envoyer le feu du ciel sur le village. On peut appeler cela de l’intolérance, du fanatisme.
Comment Jesus va-t-il réagir ? Comment réagir face au fanatisme religieux ?
Luc 9 : 55 “Il se tourna vers eux, et les réprimanda, disant : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés.” Il s’oppose avec vigueur au fanatisme. Pour lui, c’est l’esprit du mal qui l’inspire. Ce n’est pas l’esprit du Christ : “Car le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver.”
L’épisode se termine par cette phrase : “Et ils allèrent dans un autre bourg.” Leçon : Personne n’est obligé ou forcé d’accueillir Jésus dans son pays, dans son village, dans sa communauté.
2. La liberté de suivre Jésus
L’évangile de Matthieu (Mt. 19.16-26) nous raconte l’histoire d’un jeune homme riche. Il croit à la vérité, et aspire à la vie éternelle. Jésus lui indique le chemin à suivre : “Vends ce que tu as, tous tes biens, donne l’argent aux pauvres et suis-moi.”
C’est tout, pas de pression, pas de manipulation, pas d’autoritarisme, seulement une invitation, un appel : “… suis-moi. » Le jeune homme décline l’invitation. Il s’en va. Jésus le regarde partir mais respecte son choix.
Leçon : Le Seigneur ne force personne à le suivre. Si nous sommes ici aujourd’hui, nous le sommes librement. Personne n’est contraint de suivre Jésus.
3. La liberté de quitter le Seigneur
Nous sommes libres de suivre Jésus et nous sommes également libres de le quitter a tout moment. L’évangile de Jean (Jean 6:66-67), nous rapporte l’une des crises majeures dans le groupe des disciples.
Jésus sait que la foule et ses proches, veulent faire de lui le roi, le roi d’Israel. Mais ce n’est pas sa mission. Il est venu pour sauver le monde, pas pour être le roi à Jérusalem. Déçus, mécontents, les disciples s’en vont les uns après les autres. “Dès ce moment plusieurs de ses disciples se retirèrent et ils n’allaient plus avec lui.”
Pour un leader, un meneur, voir ses disciples le quitter c’est une trahison. Comment Alexandre le Grand, Cesar, Napoléon ont-ils réagi dans une situation semblable ? Ils ont exécuté les traitres.
Jésus respecte leur décision. Pas de menaces, pas de malédiction : “Vous ne partagez plus ma vision, mes objectifs. Vous voulez me quitter. Vous êtes libres. Partez !” Le groupe des douze observe la situation. Vont-ils rester ? Vont – ils partir ? Jésus a besoin d’eux. Il a des projets pour eux. il les voit évangéliser le monde, devenir ses apôtres. Il sait qu’un jour, près de 2 000 ans plus tard, nous parlerons d’eux ici, mais il ne veut pas les influencer. Eux aussi doivent prendre leur décision.
V. 67 “Jesus donc dit aux douze : “ Et vous ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » Pas de menace, pas de chantage, pas de manipulation. Simplement une question : “Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ?” Et tous nous connaissons la très belle réponse de Pierre : versets : 68 – 69. “Seigneur a qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle.” “Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu.” C’est en homme libre que Pierre répond. Sa liberté et son choix font honneur à son créateur. Sa liberté et son choix font honneur à la vérité.
Liberté et conséquences
Leçon : Nous sommes libres de quitter Jésus, mais nous ne devons pas oublier que Jésus est le chemin, la vérité et la vie. La liberté du choix n’annihile pas les conséquences du choix que l’on fait. La liberté religieuse que nous défendons ne renvoie pas aux calanques grecques l’ordre et la mission du Seigneur : “Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du père, du fils et du St Esprit.” Mais elle établit le cadre idéal dans lequel notre mission devrait se remplir. Nous sommes convaincus de la vérité, mais nous reconnaissons aux autres le droit d’avoir leur vérité et de la partager comme nous partageons la notre.
Cela, selon le principe du Seigneur lui-même : “Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le de même pour eux, car, c’est la loi et les prophètes.”
Ce sont les autres qui nous ont donné la liberté dont disposons aujourd’hui. Elle a couté des sacrifice, des larmes et du sang. Ce sont les autres, années après années, qui ont défendu nos droits. Le temps est venu :
- de promouvoir et de défendre avec une vigueur renouvelée ce grand principe partout ou il est attaqué,
- comme le dit la Bible : “Ouvre ta bouche pour le muet, Pour la cause de tous les délaissés, Et défends le malheureux et l’indigent.” Proverbes 31.8 – 9
- d’attirer l’attention des autorités, des pouvoirs sur la nécessité de préserver cette liberté dont notre mission est si dépendante.
Pas de liberté, pas d’évangélisation publique, pas de liberté pas d’Églises, pas d’hôpitaux, pas de travail …
Fort de l’exemple du Seigneur nous devons agir. Ellen White écrivait que de ne rien faire pour défendre la liberté de conscience n’est pas faire la volonté de Dieu. Mais que faire ?, me direz-vous.
Faîtes ce que vous pouvez, mais faîtes quelques chose. Un programme complet, avec culte le matin, débat ou symposium l’après midi, concert le soir, comme à Collonges, à Genève, à Neuilly, a Lugano … C’est une pierre que vous apporterez a un très bel édifice qui se construit. Ce que vous allez commencer petit, il fautdra le renouveler chaque année, jusqu’ à devenir un évènement qui attire l’attention des médias et des autorités. Chaque année apportez votre pierre.
Que faut-il faire ?
1. Prions pour nos frères et soeurs persécutés ;
2. Informons le public et les autorités sur l’état de la liberté religieuse et soutenons les activités en sa faveur ;
3. Abonnons-nous à la revue Conscience et Liberté ;
4. Mobilisons les croyants des différentes dénominations religieuses pour dire publiquement merci à Dieu et à notre pays pour cette liberté que nous avons ;
5. Adhérons à l’association internationale pour la défense de la liberté religieuse (AIDLR) ;
6. Organisons chaque année un évènement pour promouvoir la liberté religieuse.
Devenez dans votre ville, les champions de cette liberté fondamentale. C’est à cela que nous avons ètè appelés.
Que nous soyons une minorité ou une majorité cela ne devrait rien changer. Car avant toute chose ce sont les paroles et l’exemple du Seigneur qui font la différence :
« Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le de même pour eux car c’est la loi et les prophètes. »
John Graz