« Le Seigneur crie : Arrêtez et reconnaissez que je Dieu ! » (Psaume 46.11, PDV)
L’éloge de la lenteur
A l’ère du mouvement incessant auquel nous participons, que nous subissons et de son vacarme, pour survivre, un peu de tranquillité s’impose. Le rythme infernal de notre vie ne nous laisse pas assez souvent le temps de nous poser pour reprendre haleine. Il est indéniable que les progrès vertigineux de la technologie sont en priorité marqués par la vitesse d’exécution des tâches. Nous sommes donc accoutumés au « tout, tout de suite ». Voilà pourquoi nous avons oublié comment attendre patiemment, et cette impatience pourrait bien imperceptiblement entraver notre parcours spirituel…
L’essor visuel et son emprise croissante sont emblématiques de notre époque hyperconnectée. Consentant ou non cela accentue notre difficulté à choisir le ralentissement et bien davantage de cesser toute activité pour un repos authentique ! Pour certains d’entre nous, réapprendre dans le calme à concentrer ses pensées sur les questions divines se voudrait-il un exercice étrange aujourd’hui ? Loin de là, c’est un moment où nous voudrions nous sentir en communion avec Dieu. Cette pratique demande à renaître quelle que soient les époques. Il est essentiel de mettre à part un temps libre uniquement consacré à ce lien à Dieu.
Ralentir, s’asseoir, respirer, se rappeler la tendre attention de Dieu, attendre patiemment et demeurer serein si Dieu ne répond pas instantanément à nos prières. Tout un art qu’il nous faut déployer ou réapprendre.
Une oeuvre d’intercession a été initiée par Dieu lui-même. Elle devrait s’accomplir en harmonie avec le Ciel au travers de son peuple s’efforçant d’être les meilleurs témoins de son amour.
Les devoirs de repos
Tout au long de l’Écriture, nous rencontrons le peuple de Dieu dans une attitude d’attente consciencieuse. Bon nombre d’auteurs d’écrits de la Bible expriment à de multiples occasions leur attente par une question : « Combien de temps, Seigneur ? » (Hab. 1.2 ; Dan. 8.13). Il n’y a pas d’espérance sans attente (Tite 2.13). Il n’y a pas d’endurance sans attente (Rom. 5.3, 4). Il n’y a pas de patience sans attente (Apoc. 14.12). Il n’y a pas de désir sans attente (Psaume 42.1). Il n’y a pas de vie sans attente. Il n’y a pas d’histoire humaine sans attente. L’attente fait partie de l’existence humaine.
Dans l’attente, nous nous concentrons souvent sur nos angoisses et espérons les voir se volatiliser. Mais attendre ne signifie pas rester passif, ne rien faire et espérer qu’une situation désagréable disparaîtra d’une manière ou d’une autre. D’un point de vue biblique, le but premier de l’attente est de mettre en lumière qui je suis et qui je deviens durant ce délai. Je fais donc face à certaines interrogations dans mon impatience et mes doutes : est-ce que je remets en question la bonté et la toute-puissance de Dieu ? Ou, est-ce que je reconnais qu’en attendant, je suis confronté à une opportunité unique qui m’aidera à devenir la personne que Dieu souhaite voir évoluer ? Par cette épreuve, je peux devenir la personne que je n’aurais jamais été autrement.
Si l’on considère les choses sous cet angle, l’attente devient le moyen de transformation de Dieu, pour nous changer selon sa volonté. Ainsi, elle s’avère être une expression de la bonté et de la grâce de Dieu. Elle nous aide à devenir semblables à Dieu, qui attend avec une grande patience, ne voulant pas voir une seule de ses créatures se perdre.
L’attente n’est pas une fin en soi mais un moyen de bénédiction, une possibilité pour tous de tendre à la pleine harmonie à laquelle Dieu invite.